LA SERVITUDE VOLONTAIRE AU XXIème
SIECLE
1.
INTRODUCTION
Ce court essai est un billet
d’humeur. Il a pour vocation première de clarifier mes idées et sans doute de
libérer quelques tensions vis-à-vis d’un système socio-économique que je trouve
absurde. Comme son titre l’indique, il pourra être lu en complément de l’ouvrage
de La Boétie. J’espère faire évoluer cet essai vers plus de rigueur
conceptuelle mais aussi vers plus de puissance en tentant d’ancrer les pensées
aussi profondément que possible dans le terreau de l’expérience sensible par la
métaphore. En effet, il me semble que la pensée d’un homme pour élever ses
branches aussi loin que possible vers la lumière de l’Absolu doit planter ses
racines aussi profondément que possible dans l’expérience sensible. La pensée
sans expérience sensible tourne à vide dans une axiomatique de calculatrice
aussi froide que les machines qui tentent de nous robotiser. C’est là la honte
prométhéenne, celle de ne pas être un ordinateur efficace, un parfait
techno-gestionnaire à haut qi et faible sensibilité de la grande machine-monde.
Mais quiconque a un peu de sensibilité et de culture sait que le génie humain
célébré par les philosophes comme Kant ou Schopenhauer et par les scientifiques
comme Einstein et Bohr réside dans la pense profonde, celle qui relie le
cerveau reptilien au néo-cortex, c’est-à-dire la sensibilité au concept par le
biais de l’imagination dans un jeu de concaténations et d’arborescences qui
produisent la vie intérieure de l’homme. La preuve de cette définition du génie
humain est donnée chaque jour par les progrès de l’intelligence artificielle
qui minent la prétention à la supériorité de la logique depuis les premiers
logiciels d’échecs. Voici donc un texte qui revendique sans honte prométhéenne
et avec fierté humaine de plonger ses racines dans la souffrance et la compassion.
C’est donc aussi la pensée d’un tempérament mystique qui pense comme Whitehead
qu’il faut aller à l’intérieur avant d’aller au-delà, c’est-à-dire rentrer en
soi par la souffrance afin de reculer et de prendre de l’élan pour mieux sauter
et transcender sa conception du monde vers une nouvelle conception plus vaste
et plus profonde qui incorpore la précédente. La pensée doit d’abord être vécue
dans la chaire avant d’être formulée non pas par romantisme, par nietzschéisme
mais simplement parce qu’il s’agit là du seul processus créateur possible alors
que la conceptualisation désincarnée est une reformulation tautologique
d’axiomes que l’on doit laisser aux machines. Le rôle de l’homme de formuler
des axiomes issus de sa sensibilité et pas de déduire des théorèmes, laissons
cette tâche aux machines.
2.
PREALABLE PHILOSOPHIQUE
Cet essai s’inscrit dans une
quête philosophique. Einstein, un disciple de Schopenhauer, disait qu’il
jugeait un homme à sa capacité à s’éloigner de son égo. Schopenhauer faisait remarquer
que les mystiques, de quelques traditions qu’ils soient, disaient la même
chose. Comme des guides de haute montagne qui tentent de s’élever vers la
sagesse, ils se croisaient de plus en plus à mesure qu’ils se rapprochaient du
sommet. Ce sommet, cette pierre philosophique est l’union avec un esprit
universel que chacun doit faire éclore en soi comme une fleur qui s’ouvre. Si
je me permets de telles métaphores que mes piètres qualités de poète ne
permettent pas d’élever, c’est parce que le discours pénètre mieux l’esprit
lorsqu’il remonte à ses racines jusqu’aux intuitions les plus immédiates. Cette
convergence de pensée observée chez les plus grands philosophes et les plus
grands mystiques de toutes les traditions spirituelles de l’humanité, Rudolf Otto
l’a aussi souligné dans son ouvrage « Mystiques d’Orient et
d’Occident » mais c’est le philosophe Ken Wilber qui a donné à cette
analyse sa forme la plus élégante en s’inscrivant dans la tradition de
Schopenhauer. Je ne m’étendrai pas sur la philosophie de Ken Wilber et je
laisse le lecteur curieux se renseigner à ce sujet. J’aimerais cependant que le
lecteur garde à l’esprit que cette philosophie dite intégrale cherche avant
tout à donner à l’esprit une cartographie du savoir humain et qu’après un effort
nécessaire afin de se familiariser avec cette philosophie, cette cartographie
est utile pour se repérer dans le monde des idées et possède une élégance
indiscutable.
2.1.Epistémologie :
La question de la connaissance
est probablement la question centrale de la philosophie. Il ne s’agit
évidemment pas de répondre à cette question ici mais encore une fois, de
proposer des outils intellectuels pour penser cette question plus clairement.
Ceux qui ont plus réfléchi que moi à cette question trouveront probablement peu
d’intérêt à ces développements mais je les invite à me faire part de mes
erreurs. La question épistémologique a généralement été traité dans l’histoire
de la philosophie par une dialectique entre l’empirisme dont le modèle est
celui de Hume et l’idéalisme dont le modèle est l’empirisme fondamentale de
Kant. Je ne possède pas moi-même les compétences et les capacités pour résoudre
un tel sujet mais j’ai la conviction que la question a toujours été mal posé et
que les penseurs allemands après Kant se sont rendus compte de ce manque de
clarté et ont par tenté d’y répondre en traitant de l’évolution dans le temps
de l’esprit (Hegel, Schelling). Par rapport à ces penseurs, nous avons
l’avantage de pouvoir utiliser les concepts du darwinisme. Sous la perspective
du darwinisme, les modèles de l’idéalisme ne semblent plus appropriés puisque
le cerveau de l’homme est limité par son appartenance au règne animal et a
évolué pour s’adapter à son environnement. L’empirisme aussi ne semble pas
approprié puisque le cerveau de l’homme a été formé par des millénaires
d’évolution et que notre pensée est limitée par ces contraintes de l’évolution.
Il nous est ainsi impossible de penser intuitivement dans plus de trois
dimensions, dans un espace non-euclidien ou dans une logique
non-aristotélicienne. Il faut cependant constater que plus le cerveau de
l’homme a évolué, plus ses capacités d’abstraction se sont développées et plus
il a pu se libéré des déterminismes de son adaptation à la vie sur Terre. On
peut aussi scinder l’épistémologie selon le couple synchronisme/diachronisme et
se référer à l’ouvrage de Rougier intitulé « traité de la
connaissance » afin d’étudier le synchronisme issu du cercle positiviste
ou alors se référer à l’ouvrage « Etudes épistémologiques » de Piaget
afin d’’étudier la version diachronique de l’épistémologie. Ce qui m’importe
ici n’est évidemment pas de fournir des éléments de réponse à ces considérations
philosophiques mais de tenter de convaincre de l’utilité de l’outil conceptuel
du holon pour les questions épistémologiques. Le premier intérêt est de
remettre le positivisme à sa place, c’est-à-dire aux quadrants droits,
objectifs du holon. Le quadrant supérieur droit représente le positivisme
atomiste et le quadrant inférieur droit, le réductionnisme plus subtil des
formes variées de théories des systèmes. Les limites du monde objectif tiennent
à la forme du monologue, à l’opposé du dialogue avec une personne. Ainsi, si
j’étudie le cerveau d’une personne, je pourrais connaître ses ondes cérébrales,
la cartographie IRM de son cerveau, les concentrations de neurotransmetteurs
mais je ne pourrais jamais connaître la personne, ce qui nécessiterait un
dialogue. Le problème est le même pour les quadrants inférieurs avec
l’infrastructure et la superstructure d’une société pour reprendre Marx.
L’épistémologie, pour les gens comme moi qui manquent de compétences à ce sujet
pourtant fondamental, peut devenir plus claire grâce au concept de holon. Pour
connaître, il faut un sujet, un objet et une méthode. Nommons 1p (1ère
personne) le quadrant personnel subjectif, 2p le quadrant collectif subjectif
et 3p le quadrant objectif. La méthode scientifique hypothético-déductive est
alors un sous-ensemble de l’ensemble des méthodes épistémologiques, à savoir la
méthode 3p-3p-3p (le sujet objectif étudie avec une méthode objective un objet
objectif). C’est la méthode la plus puissante et c’est celle qui a fait le plus
avancer les civilisations pour la raison qu’elle est cumulative et que l’on
peut plus facilement « monter sur les épaules des géants ». Mais il
ne s’agit pas de la seule méthode. Si je discute avec un ami, il faut que mon
espace intérieur corresponde avec son espace intérieur et que j’applique alors
une méthode plus intuitive à la première personne. Pour des developpements à ce
sujet, le texte suivant est intéressant : (http://www.hudsoncress.net/hudsoncress.org/html/library/buddhism/Wilber,%20Ken%20-%20Excerpts%20from%20Volume%202%20of%20the%20Kosmos%20Trilogy.pdf).
2.2.Ontologie :
En reprenant le schéma du holon,
on peut caractériser le karma par l’intérieur du holon dans les quatre
quadrants. Dans le quadrant supérieur droit, il s’agit des structures
corporelles et cérébrales. Dans le quadrant supérieur gauche, des structures
intellectuelles. Dans le quadrant inférieur gauche de structures culturelles de
l’individu dans la société (religion, niveau d’instruction, idéologies, classe
sociale,..) et dans le quadrant inférieur droit des structures matérielles
d’une société (habitat, salaire,…). Les problèmes d’évolution à différents
stades provoquent d’autant plus de difficultés que ces problèmes surgissent à
des niveaux fondamentaux du développement. Ainsi un problème de développement
au niveau du cerveau reptilien posera plus de difficultés qu’un problème de
développement sur une zone superficielle du néo-cortex. De la même manière, un
problème de développement à un niveau intellectuel sensori-moteur posera plus
de difficulté qu’un problème surgi au niveau conceptuel. Le fait pour un sdf de
ne pas pouvoir se loger et se vêtir posera plus de difficultés que l’absence
d’un dernier modèle de smartphone. Des visions erronées du monde à des niveaux
fondamentaux, par exemple fatalistes et pessimistes ancrées profondément
poseront plus de problèmes qu’une fausse représentation de la théorie de la
relativité générale. Plus les disharmonies sont profondes et nombreuses et plus
elles prennent de l’énergie à l’Etre et empêchent son développement. La racine
du développement intellectuel, la force qui pousse le holon à s’accroître selon
ses quatre dimensions est le goût pour l’Absolu. C’est ce goût pour l’Absolu
(qui entre en contradiction apparente avec la finitude de l’animal) qui pousse
tout holon (atome, animal, homme) à la créativité par la résolution des tensions
dans l’émergence de propriétés nouvelles. Le goût pour l’Absolu, c’est-à-dire
le goût pour le Bien, le Beau, le Vrai, est d’autant plus élevé que l’individu
est sensible (Encore une fois, il ne s’agit pas de faire une quelconque
apologie de la sensiblerie ou du romantisme mais de constater de différences
chez les hommes avec des individus plus ou moins sensibles et par conséquent
plus ou moins idéalistes. Une sensibilité élevée et donc un goût pour l’Absolu
puissant sont souvent des handicaps dans la vie pratique puisqu’il est
difficile d’aller contre la nature et que pour prendre une métaphore
Schopenhaurienne, la volonté de l’homme chevauche alors un cheval sauvage qui
n’en fait qu’à sa tête et n’écoute pas la volonté). De mémoire, Whitehead
utilisait la formule « within and beyond », c’est-à-dire à
l’intérieur et au-delà. On pourrait utiliser la formule « reculer pour
mieux sauter ». Ainsi lorsque sur le plan intellectuel l’individu arrive à
des contradictions, il est obligé d’examiner en détail les principes
fondamentaux sur lesquels s’appuie sa réflexion afin de résoudre le conflit
conceptuel, généralement par un saut vers un nouvelle interprétation, un
nouveau paradigme. Cette démarche se produit dans les quatre dimensions
ontologiques de l’Etre. Au niveau psychologique (quadrant supérieur gauche),
l’individu se trouve devant une crise existentielle et est souvent obligé
d’examiner les fondements de ses émotions en étudiant leur généalogie. Et c’est
dans une clarification de ses émotions qu’il peut après avoir reculé sauter
vers une nouvelle interprétation, une nouvelle représentation. L’Etre en tant
que holon est attiré vers l’Absolu et est d’autant plus attiré vers ce point
oméga que sa sensibilité est élevée. Ce conflit entre la finitude de l’Etre et
l’attrait pour l’Absolu crée une souffrance. De la souffrance naît un retour
vers les fondements de l’Etre dans ses quatre dimensions. Et de cette
clarification des fondements, de ce recul à l’intérieur peut suivre un saut
créatif qui va rapprocher l’Etre du point oméga. L’Etre, par ces crises
existentielles dans ses quatre dimensions se rapproche de l’idéal par sauts
quantiques et augmente à chaque saut sa sensibilité. Le but de l’Etre est de
s’élever vers l’Absolu, vers la sagesse et cela n’est pas un hasard si les
philosophes (Schopenhauer, Wilber, Otto) ont constaté que les mystiques
suivaient des parcours variés ancrés dans leurs milieux mais délivraient les
mêmes messages. Pour illustrer ces propos par une image, l’ascension de la
montagne de l’Etre amène les randonneurs de haute altitude que sont les
mystiques à se croiser plus souvent.
3.
ETRE LIBRE C’EST SAVOIR QU’ON NE L’EST PAS
Il n’y a pas de dichotomie, de
discontinuité entre l’esclavage et la liberté mais seulement des degrés de
libertés. A chaque fois que les murs d’une prison tombent, d’autres se dressent
mais plus loin que les premiers et l’homme gagne un degré de liberté
supplémentaire. Cette prison est principalement mentale et est constituée des
idéologies qu’il faut sans cesse repérer dans un premier temps pour ensuite les
dépasser avant que ne se dressent d’autres idéologies dans un processus sans
fin où l’homme, malgré sa finitude, aspire à l’Absolu, c’est-à-dire aux
catégories platoniciennes du Bien, du Beau et de Vrai.
Les quatre composantes de l’être
humain en tant que holon sont indispensables au développement politique. Dans
le quadrant subjectif individuel, la méditation, la réflexion et la culture
permettent à l’homme de s’élever vers la sagesse des mystiques et d’augmenter
par la même occasion le niveau de conscience de l’homme et par conséquent son
niveau de sagesse et de compassion en dépassant ainsi le dualisme entre l’un et
le multiple, c’est-à-dire entre le monothéisme et polythéisme, entre la
transcendance et l’immanence. Mais peu importe l’explication théorique, ce qui
est fondamental c’est que l’homme par des pratiques de réflexion et de méditation
parvient, quelque soit sa culture d’origine, à prendre de la distance par
rapport à son égo et à augmenter son niveau de compassion. Le détachement du
moi passe souvent par la visualisation de ses émotions et de ses pensées comme
autant de nuages défilant sous un ciel pur. Les similitudes de ces démarches
sont évidentes même si, aujourd’hui encore, le manque d’étude scientifique nous
empêche encore d’utiliser une précision scientifique afin de décrire ces changements
évolutifs dans la conscience de l’homme. Cette élévation de la conscience
humaine à une conséquence politique évidente puisqu’il serait impensable pour
Maître Eckart ou Candrakata de partager l’idéologie nazie dans l’Allemagne des
années 30. Le dogme inverse à celui de la compassion est le dogme de l’égoïsme
qui se traduit sous des formes différentes telles que la volonté de puissance
nietzschéenne, la cruauté sadienne, ou le darwinisme social. Il ne faut pas
alors confondre le retrait en soi du mystique avec l’égoïsme qui peut être une
dérive du mystique (lettre de Plotin aux gnostiques) mais le développement
spirituel nécessite une dialectique entre le retour sur soi et le dépassement
de soi, de la même manière que le développement politique nécessité une
dialectique entre la tradition et l’universalisme. L’exemple du mystique
politique Aurobindo, adepte du nationalisme spirituel est révélateur de ces dialectiques.
Dans cette analyse, la
dialectique marxisme constitue un sous-ensemble entre les quadrants inférieurs
droit (infrastructure) et gauche (superstructure). Mais les dialectiques entre
les quatre quadrants sont nécessaires, de même que les dialectiques à l’intérieur
de chacun de ces quadrants.
4.
SORTIR DE LA MATRICE
L’acte fondateur de la politique
dans toute conscience humaine est la prise de conscience de cette prison
idéologique dans laquelle il est prisonnier. De la même manière que Socrate
s’élevait vers la sagesse philosophique parce qu’il savait qu’il ne savait
rien, l’homme doit s’élever vers la sagesse politique et par conséquent vers la
liberté en prenant conscience qu’il est un prisonnier. Etre libre, c’est savoir
que l’on est un prisonnier et la formule selon laquelle on n’est jamais aussi
libre qu’on fond d’une cellule est juste à de nombreux niveaux. Tout homme est
un prisonnier mais pour parvenir à briser les murs de sa prison mentale,
l’homme doit d’abord projeter la lumière de sa conscience sur ces mêmes murs
sans quoi il se heurte à ces murs comme un aveugle. L’homme, avant d’être un
animal pensant est un animal qui sent et sa pensée naît de sa sensibilité. Avant
de comprendre cette servitude, il doit la sentir. Sentir cette servitude, c’est
tout d’abord sentir des absurdités, des bugs dans la matrice pour reprendre la
terminologie d’un film populaire inspiré par Wilber. La première intuition de
l’homme doit être de se rendre compte qu’il ne possède qu’une liberté relative,
c’est l’intuition de la liberté. La seconde intuition politique de l’homme en
regardant le monde est celle de l’inégalité et elle a été formulée par Marx,
par Orwell (la décence commune), par Duboin (la misère dans l’abondance). C’est
une émotion naturelle qui naît en voyant une ferrari passer devant un
sans-domicile-fixe. Cette seconde intuition est celle de l’égalité. La seconde
intuition est celle du conflit apparent entre les deux premières intuitions.
Les mystiques ont tous formulé une appartenance avec le monde, une possession
d’une part du divin en eux-mêmes qu’ils partageaient avec les autres hommes.
C’est ce que les chrétiens appelaient l’union avec Dieu ou ce que les
bouddhistes appelaient voir à travers le voile de Maya, à travers le principe
d’individuation et l’égoïsme. Les soufistes musulmans et les philosophes grecs
platoniciens comme Plotin tenaient le
même discours. Cette réalisation est une acuité élevée de la sensibilité qui se
traduit par l’empathie et la compassion. Dans l’idéal républicain, cette
compassion pour dépasser la contradiction entre la liberté et l’égalité est la
troisième intuition fondamentale, la fraternité.
L’acte pour s’affranchir des murs
est un acte permanent, qui ne s’arrête jamais. Avant de tenter la difficile
tâche dont mon esprit se sent incapable et qui consisterait à articuler les
idéologies, je vais tenter de citer les briques fondamentales de ces murs,
c’est-à-dire les idéologies que nous avons tous plus ou moins internalisés dans
nos conscience.
4.1. La servitude doit être volontaire, c’est-à-dire dans la conscience
même de l’être humain oppressé.
Un pouvoir exercé par des moyens
physiques évidents et par la force physique est un pouvoir de type faible. Un
pouvoir subtile exercé au sein même de la conscience de l’esclave est un
pouvoir de type fort puisqu’il rend plus difficile la prise de conscience de
l’atteinte à la liberté de l’individu.
4.2. L’idéologie de la dichotomie binaire et de l’absence
d’alternative (TINA).
Cette idéologie consiste à faire
croire que toute opposition a une idée A se traduit par une idée B,
c’est-à-dire que non-A=B. Elle consiste aussi à faire croire que A et B sont
des essences binaires et qu’il y a une discontinuité fondamentale entre A et B.
Ainsi à l’idéologie du libéralisme s’oppose celle du libéralisme, à la gauche,
la droite. Il existe une version particulière de celle idéologie qui consiste à
choisir l’idéologie B de telle manière que l’on puisse discréditer toute
alternative à A, c’est la célèbre formule « there is no
alternative ». On choisit B tel que B soit impossible, c’est-à-dire que B
n’a que des effets néfastes. On pose alors non-A=B et B=0.
4.2. L’idéologie du travail.
Si le système politique assurait
le bien du peuple, alors la population pourrait travailler seulement quelques
heures par semaine pour vivre ensuite dans un confort agréable. Le peuple
n’aurait besoin que de quelques heures de travail parce que, comme l’avait
prévu Keynes, les gains de productivité sont si importants qu’il n’y a besoin
désormais que de peu de travail humain. Cette situation prévaudrait en régime
démocratique mais dans le régime actuel, le but principal de l’oligarchie est
d’accroître par tous les moyens possibles ses richesses et par conséquent son
pouvoir. Hors les richesses de l’oligarchie n’augmentent pas lorsque le peuple
ne travaille pas et ce qui est plus grave encore, le niveau de conscience d’un
peuple augment avec le temps libre. Puisque la majeure partie du travail
effectué n’est pas nécessaire et n’améliore pas la qualité de vie de la
population, on peut considérer que l’oligarchie a réussi une mise en esclavage
subtile. Les moyens que l’oligarchie a utilisés sont les suivants :
4.3. La méritocratie justifie les
inégalités.
Selon Platon, il fallait que
l’écart des salaires soit de 1 à 3. La méritocratie ne justifie pas que des
êtres humains puissent vivre des vies fondamentalement différentes et doit
seulement encourager l’esprit d’entreprise. A cela il faut ajouter que la
méritocratie du système capitalisme favorise généralement le court terme,
l’immoralité et les jeux de concurrence à somme nulle alors que les créateurs
qui créent de la richesse à long terme par de réelles innovations (inventeurs,
artistes, scientifiques,…) sans détruire celle des autres par la concurrence
bénéficient peu du système de la main invisible. Cette méritocratie est donc
biaisée en faveur des lobbys les plus puissants et de la prédation à court
terme généralement destructrice de valeur. Sans tomber dans l’excès inverse
d’une économie dirigée ou planifiée, il faut donner des limites à la main
invisible par différents leviers (taxes, protectionnisme, subventions,…) afin
d’optimiser la création de valeur à long terme.
4.4. L’opposition liberté (libéralisme) / égalité (socialisme), ou l’oubli
de la fraternité.
Cette opposition est une
opposition idéologique et il n’est pas économiquement utopique d’être comme un
économiste prix nobel, pour le libéralisme afin d créer de la valeur et pour le
socialisme afin de la distribuer.
4.5. Le darwinisme social.
L’idéologie du darwinisme social
détruit la compassion, l’empathie et la fraternité au sein d’une société. Le
modèle du darwinisme social est en bas de la société le gangstar-rap et en haut
de la société le spéculateur de Wall Street. Dans le darwinisme social,
contraire au réel darwinisme puisque les animaux, très souvent s’aident, la
société est atomisée et le but de l’existence devient l’ascension de la
pyramide sociale. La prise de conscience politique vient souvent de la
souffrance. L’internalisation psychologique de cette idéologie est telle que
tout individu en bas de l’échelle sociale a intégré psychologiquement le fait
de ne pas avoir le droit à la parole. Défendre son point de vue en tant
qu’opprimé serait faire preuve de victimisation. Alors que les individus du
haut de la pyramide défendent leur vision du monde et cette même pyramide qui
les place en haut, les individus en bas de cette même pyramide sont psychologiquement
incapables de défendre leur position. A toute plainte d’un homme d’en bas,
l’homme d’en haut répond qu’il n’a qu’à travailler pour se hisser en haut. Mais
cet argument présuppose une autre idéologie, à savoir qu’il est juste qu’un
être humain parce qu’il a plus de chance et d’aptitude qu’un autre puisse vivre
dans le luxe tandis que l’autre vit dans la misère.
4.6. La psychologisation de la rébellion par la critique psychologique et
la camisole chimique.
Aucun homme n’est une île disait
le poète Pope. La souffrance psychologique de l’homme a une composante
socio-économique. Le système actuel a un coût externe élevé en favorisant des
maladies physiques et mentales chez l’homme. Il a été prouvé que des mesures
comme le revenu de base diminuent ces problèmes.
4.7. Créer un climat de peur.
Pour obliger les individus à
travailler, il faut avant tout créer un climat de peur. Tout pouvoir doit être
internalisé dans l’individu et la peur liée à la mise au banc doit régner dans
son esprit afin de le rendre plus réceptif à la corruption et à la trahison de
son être et de ses valeurs.
4.8. Diviser pour mieux régner.
Les hommes sentent qu’il y a un
écart anormal entre le niveau de productivité de la société et le niveau de vie
potentiel qui devrait en découler avec le niveau de vie réel dont ils
bénéficient. De cette prise de conscience naît une frustration et une colère.
La stratégie des coupables et bénéficiaires de cette organisation sociale est
de dévier la colère populaire vers des sous-groupes de la population tels que
les émigrés ou les fonctionnaires.
4.9. Immigration.
Les émigrés sont des victimes du
système et s’en prendre aux émigrés revient à céder à la stratégie oligarchique
du diviser pour mieux régner. L’immigration est utilisée dans le cadre de la
libre circulation des hommes, des biens et des capitaux et a pour principal
objectif d’exercer un nivellement par le bas des salaires et des conditions de
vie.
4.10. Contrôler le système de l’argent et l’impôt :
L’impôt sert essentiellement à
payer une dette qui n’a aucune légitimité. L’oligarchie a imposé aux états de
lui donner son pouvoir de création monétaire et de s’endetter auprès de
l’oligarchie afin de contrôler le système de l’argent et d’investir son argent
dans un placement sûr, la dette étatique.
4.11. Libéralisme et libertarisme.
La liberté est assimilée à la
liberté de consommer. Il faut alors que tout soit consommable et l’idéologie
libertaire est alors utilisée comme le cheval de Troie du libéralisme (Clouscard).
4.12. Société de services.
Une fois que les gains de
productivité rendent possible une diminution de la quantité de travail
productif, la société, plutôt que de réduire la quantité de travail, s’est
orientée vers une société de service. La société de services est, dans les
grandes lignes, une société de services rendus par les plus faibles aux plus
forts, c’est-à-dire une société de maîtres et d’esclaves. Il s’agit pour les
classes dominantes de jouir d’un différentiel de classe qui serait moins marqué
dans une société où la quantité de travail baisserait et où les gains de
productivité seraient redistribués par un revenu de base.
4.13. L’esclavage par la dette.
La prise de pouvoir par la dette
consiste simplement à remplacer la dette publique sans intérêt (sous De Gaulle)
par une dette privée avec intérêt. La première dette profite au peuple, la
seconde à l’oligarchie qui trouve un placement sûr.
4.14. L’idéologie du travail.
Il s’agit d’utiliser les racines
judéo-chrétiennes afin de justifier la souffrance au travail. L’individu ne
travaille alors plus pour vivre mais vit pour travailler et le travail, dans
une société où la solidarité s’est dissoute dans le l’idéologie du darwinisme
social devient le seul accès aux revenus et à la société, c’est-à-dire qu’il devient
l’alpha et l’oméga de l’existence humaine. Cette centralité du travail devient
alors essentielle si l’on oublie que durant le moyen-âge, c’est-à-dire avant la
montée en puissance du pouvoir de la bourgeoisie et donc de l’argent, il
occupait une place secondaire (Gorz, LeGoff).
4.15. Capitalisme productif et capitalisme parasitaire.
Si la distinction entre les deux
formes de capitalisme est difficile, s’il existe des degrés de productivité et
si une partie du jugement est subjective, il n’en demeure pas moins qu’il
existe une part objective dans cette distinction qui peut se fonder sur des
critères précis. Qui plus est, que l’on s’en remettre à un système de lobbying
ou de main invisible (ce qui revient au même puisque les gagnants de la main
invisible deviennent souvent à long terme les gagnants du lobbying par leur
pouvoir financier), il existe dans tous les systèmes politiques une orientation
des forces productives. Un critère très simple pour juger du degré de
productivité d’une activité est le critère comparatif avec d’autres cette même
activité dans un autre pays. Si je prends l’exemple du droit du travail
français au moins dix fois plus volumineux que le droit du travail suisse, il
s’en suit que le lobby du droit du travail français a créer une complexité
artificielle qui a un coût pour la société. Il s’agirait alors par des calculs
plus précis de calculer le coût externe d’un travail de la même manière que
l’on peut calculer le coût externe d’une entreprise polluante.
4.16. L’idéologie de la démocratie représentative.
L’idéologie de la démocratie est
une forme d’idéologie binaire qui consiste à sous-entendre qu’il y a une
essence platonicienne démocratique alors qu’il ‘existe que des degrés de
démocratie. Cette idéologie permet d’empêcher une population de demander plus
de démocratie. Une démocratie représentative ne peut être que faiblement
représentative. Nous vivons réellement dans une oligarchie dans laquelle
l’articulation entre l’argent et le politique se fait par le lobbying et la
corruption des représentants du peuple. Le bien commun de la population n’est
pas recherché et la politique consiste à assurer le bien d’une fraction de la
population.
4.17. L’idéologie du complot.
L’idéologie du complot est de
deux types. Il y a ceux qui voient des complots partout et ceux qui n’en voient
jamais. Ce deuxième type d’idéologie est utilisé dans le sophisme classique qui
consiste à discréditer l’interlocuteur. Il n’y a pas dans c texte de
dénonciation d’un complot d’une oligarchie mais le simple constat d’une divergence
de l’existence d’une oligarchie dont les intérêts ne sont pas alignés avec ceux
du peuple.
5.
LA DEMOCRATIE CONTRE LES LOBBYS OU LE PEUPLE
CONTRE L’ARGENT
5.1.Démocratie représentative
et démocratie directe.
Etienne Chouard montre bien
comment cette différence entre démocratie représentative et démocratie directe
est fondamentale. Il insiste en disant que dès les fondements de la démocratie,
les grecs ont insisté sur l’impossibilité d’une démocratie représentative. Parler de démocratie
représentative est déjà une terminologie orwelienne destinée à oublier cette
contradiction. La plupart des théoriciens politiques comme Rousseau ont mis en
garde contre le mensonge d’une démocratie représentative. Une solution pour
remédier à ce problème est l’instauration du tirage au sort afin de réintégrer
le peuple dans l’arène politique. Un tirage au sort progressif avec par exemple
seulement 10% d’élus tirés au sort durant les premières années, un principe de
subsidiarité pour traite en local tout ce qui peut l’être, une restriction du
nombre de mandat à un seul mandat sont autant de pistes possibles pour sortir
progressivement de la démocratie représentative.
5.2.La complexité
L’argument principal opposé à la
démocratie directe est celui de la complexité. Il faut bien comprendre que
cette complexité est essentiellement artificielle et destructrice. Le but d’une
démocratie directe, en redonnant le pouvoir au peuple et de rehausser le niveau
de conscience du citoyen et de lui faire prendre conscience du caractère
artificiel d’une complexité créée, comme cela est décrit plus bas pour
justifier un système de lobbying et extraire la valeur productive des citoyens.
5.3.L’opposition du local et de
l’universel.
C’est une fausse opposition
puisque l’être humain doit plonger d’autant plus profondément ses racines dans
le local qu’il cherche à s’élever vers l’universel. Il n’y a donc pas de
contradiction entre le nationalisme et une vision universelle de l’homme. De
même, pour quiconque s’élève vers l’universel et pense que l’Absolu avec
l’attrait pour le Bien, le Beau et le Vrai est en chaque être humain est
présent à des niveaux de développement variés en chaque être humain ne peut
accorder de primauté aux différences superficielles de couleur de peau, de
langage, de culture mais peut très bien célébrer le génie de sa culture locale
ou de son dialecte sans que cela entre en contradiction avec un universalisme
spirituel. Quant à célébrer le génie d’une couleur de peau, cela semble aussi
absurde que de célébrer le génie d’une couleur de cheveux ou de taille de pied.
Une affinité qui se produirait pour une telle raison est spirituellement basse
et l’homme qui penserait d’une telle manière ne doit pas être attaqué mais doit
être encouragé par le dialogue à s’élever spirituellement.
6.
LE GRANDE ARNAQUE OU COMMENT ON A VOLE LE FUTUR
DE KEYNES:
La grande arnaque est ce que
l’oligarchie cherche à cacher par tous les moyens possibles. C’est un vol,
c’est le grand hold-up quotidien qui fait que chaque être humain devrait vivre
dans le futur prévu par Keynes et ne travailler que quelques heures par
semaine. Dans le chapitre précédent, j’ai précisé quelles sont les idéologies
permettant de dissimuler cette arnaque comme la lettre volée de la nouvelle
d’Edgar Poe. Ce vol est réalisé par le lobbying et principalement par le
lobbying bancaire. Mais il est aussi réalisé par d’autres lobbyings qui
trahissent le vol par une scholastique inutilement complexe, signe révélateur
de l’existence d’une caste de lobbyste exploitant la complexité artificielle
qu’ils ont eux-même créés afin de capter un maximum de richesse. Cette
complexité permet aux oligarques d’éloigner le peuple de la politique et de
cacher une arnaque derrière un jargon spécialisé.
6.1. Le vol des citoyens par le lobbying.
La portion des métiers créant la
richesse productive (essentiellement dans les secteurs primaires et
secondaires) est de plus en plus faible. Il s’agit donc d’extraire cette
création de valeur réelle par un processus de lobbying. Keynes pensait que dans le futur, les
hommes travailleraient moins.
Mais ne peut-on pas attribuer à chaque métier une valeur d'utilité sociale (par exemple très faible pour un designer de yacht de luxe ou un spéculateur) et alors constater que la part des métiers à forte
utilité sociale sur la population de tous types de métiers diminue et que cette diminution est due à un effet de dissolution de la démocratie (malheureusement représentative) dans le lobbying
(https://twitter.com/hunterwalk/statuses/368797171954376704), phénomène probablement lié aux accroissements des inégalités ( dans l'ouvrage récent que je n'ai pas encore lu "le capital au XXIème sièclee", Thomas Piketty semble assez bien décrire cette montée des inégalités). On assisterait alors au vol du futur de Keynes que j'ai tenté de décrire par la métaphore suivante:
Lorsque seule une petite portion de la population produit ces biens, alors le processus de détachement entre les métiers producteurs de valeur et les métiers qui captent cette valeur par la prédation et l’expertise technique s’accroît. Ce système est lié au phénomène de lobbying. Prenons l’exemple de la construction d’une route qui nécessite le travail de mille personnes. Il y a un péage pour payer ces mille personnes et il faut payer un euro à chaque fois que l’on prend la route. Mais la construction d’une route nécessite aussi une expertise juridique. La valeur réelle de l’expertise juridique est de 10 centimes que devrait payer chaque consommateur au péage. Mais le lobby des juristes parvient à faire pression, à complexifier le droit de la construction de route, à rendre nécessaire un degré d’expertise qui ne l’était pas pour justifier de prélever non pas 10 centimes mais 1 euro. Les autres lobbys (finance, environnement, fiscalité, marketing,…) procèdent de la même manière. A cause de ce système, le consommateur ne doit plus payer un total de 2 euros pour toute la route mais un total de 10 euros. Il devra alors travailler cinq fois plus. Au lieu du futur prévu du type de celui de Keynes dans lequel nous ne travaillerions plus qu’un jour par semaine, nous continuons à travailler cinq jours en dépit du progrès technique. Si le système fonctionne ainsi, c’est en partie par une idéologie du travail qui incite les politiques à prendre des décisions créatrices d’emplois mais surtout par corruption puisque au final les politiques iront terminer leurs carrières dans les lobbys qu’ils ont le plus aidé. Ce système fait gagner une partie infime de la population (lobbystes, travailleurs les plus rémunérés (parce qu'ils ont le meilleurs lobbys et non pas parce qu'ils apportent le plus de travail réel), politiques) au détriment de la majorité de la population. Pour rééquilibrer le système vers le bien commun, seule une démocratie directe redonnant le pouvoir au citoyen au détriment du lobby, c’est-à-dire à l’homme au détriment de l’argent pourrait alors résoudre le système. Il faudrait alors prendre en compte la question du coût externe du lobbying pour la collectivité qui peut être considérée comme une pollution au même titre que la pollution de certaines industries nécessite de prendre en compte leur coût externe.
Mais ne peut-on pas attribuer à chaque métier une valeur d'utilité sociale (par exemple très faible pour un designer de yacht de luxe ou un spéculateur) et alors constater que la part des métiers à forte
utilité sociale sur la population de tous types de métiers diminue et que cette diminution est due à un effet de dissolution de la démocratie (malheureusement représentative) dans le lobbying
(https://twitter.com/hunterwalk/statuses/368797171954376704), phénomène probablement lié aux accroissements des inégalités ( dans l'ouvrage récent que je n'ai pas encore lu "le capital au XXIème sièclee", Thomas Piketty semble assez bien décrire cette montée des inégalités). On assisterait alors au vol du futur de Keynes que j'ai tenté de décrire par la métaphore suivante:
Lorsque seule une petite portion de la population produit ces biens, alors le processus de détachement entre les métiers producteurs de valeur et les métiers qui captent cette valeur par la prédation et l’expertise technique s’accroît. Ce système est lié au phénomène de lobbying. Prenons l’exemple de la construction d’une route qui nécessite le travail de mille personnes. Il y a un péage pour payer ces mille personnes et il faut payer un euro à chaque fois que l’on prend la route. Mais la construction d’une route nécessite aussi une expertise juridique. La valeur réelle de l’expertise juridique est de 10 centimes que devrait payer chaque consommateur au péage. Mais le lobby des juristes parvient à faire pression, à complexifier le droit de la construction de route, à rendre nécessaire un degré d’expertise qui ne l’était pas pour justifier de prélever non pas 10 centimes mais 1 euro. Les autres lobbys (finance, environnement, fiscalité, marketing,…) procèdent de la même manière. A cause de ce système, le consommateur ne doit plus payer un total de 2 euros pour toute la route mais un total de 10 euros. Il devra alors travailler cinq fois plus. Au lieu du futur prévu du type de celui de Keynes dans lequel nous ne travaillerions plus qu’un jour par semaine, nous continuons à travailler cinq jours en dépit du progrès technique. Si le système fonctionne ainsi, c’est en partie par une idéologie du travail qui incite les politiques à prendre des décisions créatrices d’emplois mais surtout par corruption puisque au final les politiques iront terminer leurs carrières dans les lobbys qu’ils ont le plus aidé. Ce système fait gagner une partie infime de la population (lobbystes, travailleurs les plus rémunérés (parce qu'ils ont le meilleurs lobbys et non pas parce qu'ils apportent le plus de travail réel), politiques) au détriment de la majorité de la population. Pour rééquilibrer le système vers le bien commun, seule une démocratie directe redonnant le pouvoir au citoyen au détriment du lobby, c’est-à-dire à l’homme au détriment de l’argent pourrait alors résoudre le système. Il faudrait alors prendre en compte la question du coût externe du lobbying pour la collectivité qui peut être considérée comme une pollution au même titre que la pollution de certaines industries nécessite de prendre en compte leur coût externe.
6.2. Le lobbying bancaire
Le lobbying bancaire a un pouvoir
central évident dans une société dominée par l’argent. Ce pouvoir s’est accru
depuis la loi de 1974 en obligeant l’état à emprunter l’agent sur les marchés
financiers en abandonnant son pouvoir de création monétaire. A ce pouvoir
s’ajoute la spéculation en utilisant l’argent des déposants ainsi que le
système fractionnaire ou la possibilité d’emprunter à taux faible aux banques
centrales pour prêter à taux plus élevé. Mais ces thèmes ne sont pas l’objet de
cet essai et seule la souveraineté monétaire ainsi que la séparation entre les
banques de dépôt et les anques d’affaires sont centraux.
6.3. L’obsolescence programmée
Ne sachant plus quoi inventer pour
obliger les citoyens à travailler dans un contexte de gains de productivité, le
système en vient à programmer elle-même l’obsolescence de ses produits.
L’absurdité d’une telle mesure un aussi un signe, comme la complexité
artificielle de certains jargons, d’une situation complètement absurde ou plus
rien ne permet de justifier de telles quantités de travail.
7.
LES ACTIONS POSSIBLES
Si la situation est difficile, il
faut éviter la tentation de l’abandon du politique qui est ce que recherche le
système pour atomiser et amener les oppositions à la dépression.
7.1. Le quadrant supérieur gauche
Le quadrant subjectif singulier se développe par la
méditation et l’augmentation du niveau de culture de chaque individu.
7.2. Le quadrant supérieur droit
Le développement technologique n’est pas suffisamment avancé
pour qu’une évolution technologique remplace l’évolution biologique en ce qui
concerne le cerveau humain. Les progrès en terme d’alimentation, de médication
et d’intelligence artificielle sont néanmoins les premiers signes de
développement de ce quadrant. Les problèmes éthiques sont une autre question
qui nécessitent aussi le développement des autres quadrants.
7.3. Le quadrant inférieur gauche
Ce quadrant correspond à la
vision du monde. La lutte des intellectuels correspond à une lutte pour imposer
leur vision du monde qui peut être plus ou moins élevée selon le développement
des quadrants subjectifs individuels de ces intellectuels. Cette lutte pour
imposer une idéologie, ou une superstructure dépend généralement de la maîtrise
de l’infrastructure, c’est-à-dire du quadrant inférieur gauche.
7.4. Le quadrant inférieur droit
La maîtrise du quadrant inférieur
droit passe par la maîtrise des médias et d’internet. C’est aujourd’hui le
principal facteur de changements dans le monde et c’est l’arrivée de l’internet
qui permet à des personnes ayant développé leur vision du monde (quadrant
supérieur gauche) de diffuser leurs idées au détriment du système de domination
qui cherche à diffuser dans les médias plus traditionnels (télévision,
journaux,…) les idéologies du système de domination afin de conserver son
pouvoir.
7.5. Quelques
exemples d’actions concrètes
-
Revenir aux faits et éviter les sophismes :
Aucun débat politique ne peut
faire abstraction des idéologies. Néanmoins, il est possible d’éviter le niveau
du débat en commençant au préalable de tout débat par se mettre d’accord sur un
ensemble de faits qui ensuite seront interprétés suivant les idéologies. La
seconde étape est de recenser et d’apprendre à distinguer les sophismes (livre
de Schopenhauer à ce sujet).
-
Favoriser un plus haut degré de démocratie :
Le faible de degré de démocratie
du système est la source de tous les maux d’une société. Il faut donc par tous
les moyens possibles délégitimer la démocratie actuelle et favoriser la hausse
du niveau démocratique. La démocratie doit aussi utiliser un principe local de
subsidiarité.
-
La transparence :
Dans une société de guerriers, la
violence est principalement physique. Dans une société de marchands, elle est
économique et psychologique. Le fondement principal de cette violence est le
secret. Il faut donc privilégier toutes les formes de transparence, incluant
wikileaks.
-
La solidarité et l’open-source :
La tradition du don décrite par
Mauss (MAUSS) et plus récemment l’open-source sont autant de modèles qui
attestent d’un besoin humain pour la collaboration qui s’amplifie avec le
développement de l’individu suivant les quatre quadrants.
-
Le revenu de base :
Après la démocratie directe, le
revenu de base est probablement l’outil le plus efficace pour lutter contre
l’oligarchie. Il a aussi l’avantage de dépasser la fausse opposition
libéralisme/socialisme afin de donner pour mission aux dirigeants d’augmenter
le revenu de base en utilisant les deux leviers (le libéralisme pour créer la
richesse te le socialisme pour la distribuer) dans un contexte plus efficace
d’optimisation semblable à l’idée de la courbe Laffer pour la taxation.
-
Distinguer les métiers productifs des métiers
improductifs :
L’accroissement de la part des
activités destructives est liée au lobbying exercé par ces activités (finance,
droit des affaires, publicité, environnement,…) afin de créer des complexités
inutiles destinées à justifier l’existence de ces activités et à déplacer la
richesse réelle créée par les activités productives vers ces activités. Si le
revenu de base et surtout la démocratie directe permettraient de faire
disparaître ce racket lorsque les citoyens en participant à la vie politique
pourront se rendre compte de ce racket en élevant leur niveau de conscience
politique, c’est aussi un devoir de la sphère publique de décider de
l’orientation des forces productives d’une société. Il ne s’agit pas de
basculer dans une économie dirigée puisqu’il ne s’agit pas de répondre à
l’excès du marché par l’excès du dirigisme mais de trouver un équilibre entre
les deux.
8.
POLITIQUE, ECONOMIE ET TECHNIQUE
8.1.Un enchevêtrement complexe
8.2.L’idéologie de l’erreur des
luddites
Lorsque des analyses partant de
point de vue différents, pour ne pas dire opposés, à savoir les marxistes de la
critique de la valeur (Robert Kurz,…) et les libéraux des universités
américaines (Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee du MIT) parviennent aux mêmes
conclusions, à savoir que l’on est arrivé à un stade où l’innovation technique
détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée, la nécessité de nouveau modèle basés
sur le revenu de base et l’économie contributive est évidente. Le chômage est
structurel depuis de nombreuses années et seuls les changements de méthode dans
le calcul du chômage parviennent à le maintenir à un niveau de trois millions.
L’erreur des luddites est devenue une idéologie dans le sens où ce constat
historique sur une période donnée de l’histoire devrait nous inciter à la prudence
quant à une fin du travail régulièrement annoncée mais il faut garder à l’esprit
qu’il s’agit là d’un simple constat historique et non pas d’un axiome
mathématique ou d’une loi fondamentale de la physique. En effet, aucune loi économique
ne prouve que le progrès technologique crée toujours plus d’emplois qu’il n’en
détruit et les dernières décennies tendent à prouver le contraire.
8.3.L’esclavage et la
mondialisation comme freins au développement technique
L’esclavage était un frein au
développement technique durant l’Antiquité grecque, comme pouvait l’attester l’écart
entre le développement scientifique et technique de cette société. Aujourd’hui,
la mondialisation offre une main d’œuvre à bas coût qui freine le développement
technique, la pression pour automatiser étant plus forte lorsque le coût du
travail à automatiser est plus élevé. Mais ce ralentissement sur une période du
processus d’automatisation va créer une accélération de l’automatisation dans
les années à venir avec l’augmentation des salaires des pays en voie de
développement, la hausse des coûts de transport et la hausse du niveau de
formation des habitants des pays en voiei de développement qui offrent,
particulièrement en Inde et en Chine des viviers de plus en plus importants d’ingénieurs
capables d’automatiser à bas coût.
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